Des nombres remarquables |
SOMMAIRE : nombres de Poulet nombres de Carmichaël nombres de Chernik et bien sûr :
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1) Nombres de Fermat
Ce sont
les nombres de la forme, notés Fn, où n est un entier naturel.
Ils ne
sont pas tous premiers, d’ailleurs on ne sait pas s’il y en a une infinité de
premiers ni une infinité de non premiers.
de F0 à F4 premiers
de F5 à F32 non premiers
F33 on ne sait pas encore
Si Alors sont premiers entre eux (théorème de Goldbach)
La
conjecture de Goldbach, pas encore démontrée et énoncé en 1742 est :
« Tout nombre entier pair supérieur
à 3 peut s’écrire comme la somme de 2 nombres premiers »
Soit k
entier naturel x=2k + 1 premier k=2n où n est un entier naturel (réciproque
fausse !)
x est nombre de Fermat
2) Nombre de Mersenne
Ce sont
les nombres premiers de la forme 2p-1 où p est premier.
On note Mk le k-ième nombre de Mersenne.
Si note Ap=2p-1 alors
M1=A2=3
M2=A3=7
M3=A5=31
M4=A7=127
mais M5 A11 car A11=2047=23x89 donc non premier
On a
aussi la propriété suivante :
2n-1 premier n premier
Autrement
dit, parmi les nombres de la forme 2n-1 où n est un entier naturel, il y a 3
catégories :
n non premier
et alors 2n-1 n’est pas premier
n est
premier et 2n-1 = An n’est
pas premier
n est
premier et 2n-1 = An est un
nombre de Mersenne c’est à dire premier
3) Nombres parfaits
Ce sont
les entiers naturels qui sont égaux à la somme de leurs diviseurs propres
positifs
Par
exemple 6 est parfait car 6=1+2+3
où encore 2 305 843 008 139 952
128 (découvert par Leonhard Euler)
Voilà
une méthode pour générer des nombres parfaits :
"Lorsque
la somme d’une suite de nombres doubles les uns des autres est un nombre
premier, il suffit de multiplier ce nombre
par le dernier terme de cette somme pour obtenir
un nombre parfait."
1+2=3 qui est premier
donc 2x3=6
est parfait.
1+2+4=7 qui
est premier donc 4x7=28
est parfait.
1+2+4+8=15 n’est pas premier.
1+2+4+8+16=31
est premier donc 16x31=496
est parfait.
En découle une formule qui porte aujourd’hui le nom de
Formule d’Euclide :
2p-1(2p - 1)
est parfait si p et (2p - 1) sont premiers.
Actuellement,
40 nombres parfaits sont connus. Le plus grands possède 12 640 858 chiffres et
est égal à :
220 996
010(220 996 011-1).
Et on ne
sait pas s’il y en a une infinité
4) Nombres
pseudo premiers
Un
petit rappel sur le petit théorème de Fermat :
Soit
p un nombre premier et a un entier premier avec p alors ap-1 ≡ 1(p)
ou encore p divise ap-1 -1
a est premier avec p quand a n’est
pas un multiple de p, en particulier quand a est dans {2,3,.., p-1}
Mais
attention, la réciproque est fausse !
(C’est
bien dommage car sinon nous aurions eu un critère pour reconnaître si un nombre
est premier.)
Les
nombres qui contredisent la réciproque du petit théorème de Fermat sont les
nombres de Carmichaël.
C'est-à-dire
des nombres p non premiers tels que, pour tout a dans {2,3,.., p-1},
p
divise ap-1
-1.
Le
plus petit est 561=3x11x17.
Remarquez
que la vérification risque d’être fastidieuse à cause des puissances à
calculer.
Ils
sont cependant rares, plus rares que les
nombres premiers mais cependant il y en a une infinité (Théorème de Granville
en 1994).
Il
y a 245 nombres de Carmichael pour 78494 nombres premiers inférieurs à 106 (proportion de
3 pour 1000)
Maintenant
changeons un peu la définition :
Considérons
un nombre p non premier tel que p divise
ap-1
-1
pour une valeur particulière de a dans {2,3,.., p-1}
(On
a changé « pour tout a » par « un a particulier »
Ces
nombres sont les nombres de Poulet ou a-pseudo premiers ou pseudo premiers de
base a.
Par
exemple 341 est le plus petit pseudo-premier de base 2.
Les
nombres de Carmichaël et les nombres de Poulet sont
les nombres pseudo premiers, c'est-à-dire des nombres qui ne sont pas premiers
et qui « contredisent en partie » la réciproque du théorème de
Fermat.
Un
nombre de Carmichael est donc un pseudo premier de base a pour tout a
dans {2,3,.., p-1}.
Mais
pourquoi on les appelle pseudo premier ?
Prenons
le problème à l’envers, c'est-à-dire considérons un entier p dont on ne sait
pas s’il est premier ou pas.
Effectuons
les calculs ap-1
-1
pour a dans {2,3,.., p-1}.
si, pour une
valeur de a, p ne divise pas ap-1 -1 alors p n’est pas premier (c’est la
contraposée
du théorème de Fermat)
sinon , pour
tout a dans {2,3,.., p-1}., p divise ap-1 -1 alors soit p est premier soit p est un
nombre de Carmichaël et comme la proportion de nombres de Carmichaël par rapport
aux nombres
premiers est très faible, il est fort
probable qu’il soit premier (99,9..% de
chance)
Bien
sûr il y a trop de calculs à effectuer et on pourrait alors se contenter de
prendre a=2 mais dans ce cas la probabilité diminue car la proportion de
nombres pseudo premiers de base 2 par rapport aux nombres premiers est plus
importante.
D’où
l’idée d’un compromis entre précision et calcul en prenant 4 valeurs de
a ou 4 témoins:
2, 3, 5,7 (Test de Fermat)
Ce
test consiste à choisir un nombre p et à effectuer les 4 calculs : 2p-1-1, 3p-1-1 ,5p-1-1 ,7p-1-1
Si
p divise ces 4 nombres il y aura une forte probabilité que p soit premier. Mais
ce n’est pas certain !
Les
nombres de Chernik sont des nombres de la forme
(6n+1)(12n+1)(18n+1) dont les 3 facteurs 6n+1 , 12n+1
, 18n+1 sont premiers .
Ce
sont des nombres de Carmichaël !
5)
Nombres
premiers
Il
y a des livres entiers consacrés aux nombres premiers et ce n’est pas quelques
paragraphes qui pourront les résumer.
Les
nombres premiers bien connus : 2, 3, 5, 7,11... sont
essentiels.
Du
point de vue théorique :
Ce
sont les briques, les atomes qui permettent de reconstituer tous les autres
entiers.
En
effet un nombre premier n’est pas décomposable en produit de 2 entiers autres
que 1 et lui-même.
Tout
entier est soit premier soit décomposable en produit d’au moins 2 nombres
premiers et cette décomposition est unique (nombre composé)
Par
exemple 12=2x2x3
Autrement
dit tout entier est soit premier soit composé (de nombres premiers).
On
comprend l’importance de ces nombres.
Il
y en a une infinité et le fait qu’ils ne soient pas décomposables leur confère
tout un tas de propriétés intéressantes :
Deux
nombres premiers distincts sont premiers entre eux.
Un
nombre premier p est premier avec tout entier qui n’est pas un multiple de p.
Un
nombre premier p divise ap-1-1 (ap-1≡1(p))
pour tout a dans {2,3,.., p-1}.
L’ensemble
des restes modulo p muni de + et x est un corps, en particulier,
soit
a dans {1,2,3,.., p-1} il existe b dans {1,2,3,..,
p-1} tel que ab≡1(p)
(Remarque :
les nombres premiers entre eux interviennent dans les théorèmes
de Gauss « si a divise bc et a premier avec b
alors a divise c »
et de Bezout « a et b sont premiers entre eux si et
seulement si il existe au moins un couple
d’entiers (u,v) tel que au+bv=1 »)
On
a une assez bonne idée de la répartition des nombres premiers.
En
notant π(x), le nombre de nombres premiers inférieurs ou égaux à x on
a :
π(x) ~ x/ ln(x) , quand x → +∞
Par
exemple pour x=100 000 000 il y a à peu près 5 428 681 nombres premiers inférieurs à x
en utilisant
cette formule (il y en a en fait 5 761 455)
On
a aussi ce résultat par
Felgner en 1990 : 0,91 n ln(n)
< pn < 1,7 n ln(n) où pn désigne le
n-ième nombre premier.
Du
point de vue pratique :
Voici
quelques exemples :
Cryptage RSA
L’idée
est de coder un message (par exemple un nombre) en un autre message (un autre
nombre).
Pour
cela on dispose de 2 clés publiques dont une est n.
Tout
le monde peut alors coder.
Mais
personne peut décoder, c’est à dire retrouver le message d’origine à partir du
message codé.
Cela
vient du fait que n est le produit de 2 grands nombres premiers p et q
distincts.
n est donné mais pas
p ni q.
Pour
décoder il faudrait connaître p et q or pour de très grands nombres on ne sait
pas en un temps raisonnable décomposer n en pq même
avec des machines puissantes.
Par
exemple en prenant n constitué de 1024 chiffres binaires soit à peu près 308
chiffres décimaux, c’est impossible actuellement.
On
a pu factoriser un entier de 768 bits en 2 ans et demi avec des ressources
informatiques importantes.
Maintenant
reste le problème de la création de ces clés donc de génération de grands
nombres premiers.
C’est
là qu’interviennent les
pseudo premiers ou plus exactement des nombres dont il est fort probable
qu’ils soient premiers et qui sont générés rapidement.
En
cryptographie, les nombres premiers sont essentiels.
Clef de contrôle
Dans
un numéro de sécurité sociale ou un numéro compte bancaire il y a 2 chiffres
terminaux que l’on appelle la clef.
On
la calcule en faisant 97 moins le reste de la division euclidienne par 97 du
nombre avant ces 2 chiffres.
Cette
clef permet de contrôler des erreurs (pas toutes) lors de la saisie
informatique de ces numéros.
Quand
il y a une erreur de saisie un message apparait et la signale.
L’efficacité
repose sur le fait que 97 est le plus grand nombre premier inférieur à 100.